Texte 1 : Alain Kleinmann / Texte 2 : Colette Chauvat

Alain Kleinmann (artiste peintre et sculpteur)
avril 2020

Voici ce que dit Joseph Finkelsztajn de sa propre histoire : « Moi, fils de survivants du génocide juif, dont les parents ont été les seuls survivants de leurs familles, chacun. Ma mère, qui avait survécu et s’était échappée  du ghetto de Varsovie ; mon père qui a échappé d’un train qui l’emmenait au camp de Treblinka, qui a lutté pendant cinq ans pour survivre dans la guerre, en Pologne ! Mes parents, donc, qui ont perdu toutes leurs familles pendant ce génocide, leurs parents, leurs frères, sœurs, cousins, neveux nièces, gazés, bombardés, déportés, humiliés, exterminés… » Puis, il peint…

Et ses toiles s’appellent : « La mort », « Générations », « Ma mère est morte », « Seul dans la ville », « Moïse et Pharaon », « Services secrets »,  « Souvenir d’enfance »,  « Où es-tu ? »… Cette même histoire qui, une génération après, revit en lui et qu’il peint sans cesse…

Il semble bien y avoir un espoir, un échappatoire : la musique ou la danse. Les toiles s’appellent alors : « Le pianiste », « Le fond de la musique », « Musique passion », « Danse africaine », « Famille musique »… Et quelques œuvres semblent faire le lien entre les deux catégories : « Klezmer band » où « Kippah musique »…

En tout cela, Joseph est emblématique de notre génération de juifs d’après-guerre, si désorientée par ce qui s ‘était passé avant et si désireuse de trouver tout de même des territoires d’espérance et de beauté dans le monde… Alors Joseph peint et il écoute de la musique… Dans sa peinture, nulle sophistication formelle ou esthétique : juste un cri, juste une évidente sincérité… S’il fallait l’apparenter à un mouvement pictural, il faudrait chercher du côté de l’expressionnisme, par la violence des couleurs et des formes, et du côté (peut-être…) du surréalisme par la liberté des compositions. Mais dans le cas de Joseph, je ne suis pas certain que ces recherches académiques de références aient vraiment un sens… Laissons-nous simplement, mais avec attention, naviguer dans les flots de son histoire, qui est aussi la nôtre… Apprenons également de son authenticité à dire et à peindre les choses sans complaisance et avec émotion…